Trouver le Ph. D. en moi : Mettez à l’ouvrage vos compétences en réseautage
Troisième partie de la série de blogues Trouver le Ph. D. en moi. Lire la deuxième partie ici.
Par Bonita Squires, M. Sc., O(C)
Avant de décider d’amorcer mon Ph. D., j’ai envisagé le fait que des études de doctorat ressembleraient à une situation dépeinte dans le très amusant site PhD Comics* : fixer un écran d’ordinateur pendant des heures d’affilée et participer à une rencontre occasionnelle avec un superviseur. Il s’avère que j’avais totalement tort, ou du moins que c’était le cas jusqu’à maintenant. Je dois aussi sortir de chez-moi et établir des liens avec des nouvelles personnes, c.-à-d. « réseauter ». Selon Isaiah Hankel*, « Dans l’économie et le milieu universitaire contemporains, réseauter avec davantage de personnes n’est pas une démarche facultative. C’est un incontournable. » [traduction] Pourquoi est-ce ainsi?
1. Pour rendre la recherche plus pertinente
Il y a un besoin croissant de s’assurer activement que notre recherche soit pertinente à l’extérieur des milieux universitaires ainsi qu’à l’intérieur de ceux-ci (pour de plus amples renseignements sur le sujet, voir mon dernier billet de blogue, Perdus en cours de transfert (des connaissances)). Afin de mener une recherche pertinente, nous devons collaborer entre champs d’activités et professions pour découvrir ce à quoi s’intéressent les administrateurs, les éducateurs, les stratèges et les clients. En participant à diverses conférences, causeries, séances d’ateliers et activités de type vins et fromages à l’université et dans la collectivité, j’ai rencontré par hasard plusieurs personnes dont les idées m’ont aidée à redéfinir mon programme d’études et même mon éventuel programme de recherche. Savoir ce qui est actuellement pertinent et nécessaire m’aide également à mieux justifier ma recherche dans les demandes de subventions.
2. Pour que je connaisse le travail d’autres chercheurs
Réseauter avec les autres me permet de solliciter des collaborations interprofessionnelles et de découvrir de nouveaux points de vue à l’égard de mes travaux. Lorsque je cause avec les autres chercheurs, professionnels en exercice, stratèges et membres de la collectivité, je me familiarise avec ceux avec qui je peux communiquer lorsque je me pose des questions, que j’ai besoin d’aide ou que je souhaite collaborer à un projet. En tant qu’étudiante diplômée, je lis beaucoup de documentation et je deviens de plus en plus au fait des noms des chercheurs dans mon champ d’activité. Voir ces experts parler de leur recherche est non seulement utile pour mieux comprendre leurs résultats, mais également motivant; il est inspirant de rencontrer d’autres personnes qui approfondissent avec passion des questions de recherche similaires.
3. Pour que les autres chercheurs connaissent mon travail
À l’inverse, si ces autres chercheurs me connaissent, ils penseront à moi s’ils ont un projet prévu auquel, selon eux, mon profil correspondrait. Ils peuvent même penser à moi pour un des projets de leurs collègues. Plusieurs fois au cours de la dernière année, un nouveau contact m’a rencontrée et m’a spontanément recommandée à un collègue ou à un ami comme personne-ressource potentielle.
Si d’autres chercheurs me connaissent, je peux même décrocher mon emploi de rêve un jour. C’est une importante source de motivation à rencontrer des personnes aux visées semblables. En 2011, seulement 18,6 % des Canadiens ayant des diplômes de doctorat travaillaient comme professeurs d’université à temps plein*, l’objectif professionnel typique de la plupart des étudiants au doctorat. Si je décide que je souhaite travailler auprès d’une société ou d’un organisme après l’obtention de mon Ph. D., je dois accepter que mon curriculum vitae puisse se retrouver enfoui sous une pile de centaines d’autres candidats ayant des Ph. D. À qualifications égales, un candidat qui est connu du comité d’embauche décrochera l’emploi contrairement à un qui ne l’est pas.
Pourquoi si tôt dans mes études de Ph. D.?
Certaines personnes peuvent se demander pourquoi je suis si axée sur le réseautage alors que je ne me trouve qu’au début de ma deuxième année d’études de doctorat. En fait, c’est que créer un solide réseau prend du temps, voire des années. Je ne sais pas où je finirai par travailler après la fin de mes études. Je pourrais mener de la recherche auprès d’une université, d’une entreprise, du gouvernement, d’un organisme à but non lucratif, du secteur de la santé… J’ai besoin de temps pour établir des liens avec tous ces secteurs. Je ne peux attendre à la dernière année de mon Ph. D. pour réfléchir à l’endroit où je souhaiterais aboutir ensuite et qui je dois connaître pour y arriver.
Pour me citer en exemple, je me trouve dans la position exceptionnelle d’alimenter une vision floue d’un emploi de rêve qui peut exister ou pas lorsque j’achèverai mon Ph. D. J’aimerais travailler comme chercheuse ou scientifique clinicienne. De plus, j’aimerais travailler avec une population réduite ou dispersée, composée de personnes sourdes ou malentendantes. Si je ne commence pas à sonder le terrain dès maintenant, je pourrais ne jamais me trouver dans une position où je pourrai travailler sur le plan clinique ET créer mon programme de recherche, et les employeurs potentiels pourraient ne jamais pouvoir repérer mon c.v. dans la pile. Cependant, si je suis connue dans mon domaine, l’employeur pourrait un jour créer un poste et m’avoir à l’esprit. Cela ne peut se produire que si les gens me connaissent et ont confiance dans ce que je peux offrir à leur organisme ou à leur établissement.
En tant que clinicienne active, vous pourriez songer à intégrer ma recherche à votre exercice ou compléter la recherche que vous avez déjà amorcée. Si tel est le cas, soyez à l’affût de mon prochain billet; j’y explorerai ce à quoi pourrait ressembler un travail comme chercheuse clinicienne où recherche et exercice coexisteraient de manière productive.
Ressources complémentaires
Pour les conseils les plus à jour sur comment bien réseauter en tant qu’étudiante diplômée, consultez les billets de Wajihah Mughal dans RE-SPECT Science* et de Nana Lee dans Affaires universitaires*.
*disponible en anglais seulement
Légende de l’image de l’article : Bonita cause avec le président de l’Université Dalhousie Richard Florizone lors du lancement du programme de Ph. D. en science, en septembre 2015. Références photographiques : Bruce Bottomley.
Bonita Squires, M. Sc., O(C), est une orthophoniste spécialisée en modification des accents. Elle a amorcé son Ph. D. en santé à l’Université Dalhousie en 2015. Son champ de recherche est l’évaluation du langage et de l’alphabétisme et les interventions connexes auprès des enfants sourds ou malentendants. Dans son ancienne vie (professionnelle), Bonita était interprète en ASL (langage des signes américain / anglais). Elle a enrichi son parcours des expériences langagières et personnelles que les personnes des collectivités sourdes ou malentendantes ont partagées avec elle. La série de blogues continue de Bonita, Trouver le Ph. D. en moi, partage certaines des réflexions qu’elle a acquises et certains des défis qu’elle a dû relever au fil de son parcours menant au doctorat.