Trouver le Ph. D. en moi : Les réalisations rédactionnelles d’une néophyte
Première partie de la série de blogues Trouver le Ph. D. en moi
Par Bonita Squires, M. Sc., O(C)
J’ai un esprit curieux et en constant questionnement. Je présume que c’est le motif pour lequel j’ai fini par envisager une formation plus approfondie en recherche plutôt que de poursuivre sur la voie d’une carrière purement clinique en tant qu’orthophoniste. Bien que je n’aie pas rencontré mes lecteurs, j’ai l’impression que je ne suis pas la seule professionnelle qui souhaite s’adonner à de la recherche au sein de mon exercice. Le présent billet de blogue — le premier d’une nouvelle série — est une tentative sincère de joindre ceux et celles d’entre vous qui souhaiteraient obtenir un aperçu de mes expériences tout au long de ce parcours unique pour faire de moi une clinicienne d’esprit chercheuse.
J’excelle à explorer les concepts d’acquisition, de représentation et de diversité du langage, et à réfléchir à leur étude. J’adore également participer à de longues discussions à propos de ces sujets fascinants. Dans l’univers de la recherche, cependant, il ne suffit pas de réfléchir à votre recherche et d’en parler. Vous devez également écrire. À quoi sert un chercheur ou une chercheuse s’il ou si elle ne publie pas les résultats de ses réflexions? Au début de ce parcours de Ph. D. l’automne dernier, je me suis retrouvée plongée tête première dans les exigences de produire des manuscrits publiables afin de décrocher le financement. Ci-dessous, je partage quelques-unes des réalisations rédactionnelles auxquelles j’en suis venue depuis que j’ai commencé à naviguer parmi les attentes du milieu universitaire.
Écrivez à propos de l’étude réelle, et non de l’étude prévue
Un boursier postdoctoral a récemment partagé avec moi l’épiphanie suivante : je dois écrire à propos de l’étude réelle, et non de l’étude prévue. En d’autres mots, une fois l’étude achevée et avant que je ne commence à écrire, je dois prendre un recul et m’attarder au résultat final. Ce conseil m’est plutôt utile au moment où je m’apprête à réduire les points dont je souhaite parler dans mon introduction. Si je ne suis pas prudente, je peux mener le lecteur le long d’une série de sentiers secondaires qui l’éloigneront du message prévu d’un texte. Chaque manuscrit autonome doit contenir son propre récit. Je dois m’assurer de comprendre l’histoire avant de commencer à écrire, une leçon que je maîtrise un peu trop tard alors que je tente de réduire ma thèse de maîtrise de 120 pages en un manuscrit de 30 pages. Se doter simplement d’une machette métaphorique et sabrer aveuglément dans le bosquet des mots à l’écran ou sur papier (semble-t-il) ne constitue pas une méthode efficace.
La direction est d’or
J’ai appris que mon manuscrit doit contenir un parcours guidé explicite tout au long du document. Lorsque quelqu’un lit mon écrit et me dit qu’il s’est perdu en chemin et qu’il a dû retourner au début de la phrase, du paragraphe ou, pire encore, d’une section précédente du manuscrit, un petit drapeau rouge commence à s’agiter dans mon esprit. Je me rends compte que je n’ai pas guidé le lecteur le long de mon processus de réflexion de manière assez nette.
Mais je pensais que c’était évident…
Les gens qui connaissent peu mon domaine sont une source de rétroaction utile — comme le nouvel étudiant bénévole dans le laboratoire, une tante, ou encore ce gars que j’ai rencontré à la séance d’accueil l’autre jour. Si je peux leur expliquer mon étude pour qu’ils puissent se faire une image dans leur esprit non seulement de ce que je fais, mais de la raison pour laquelle c’est important, j’estime que je suis sur la bonne voie. Par exemple, j’ai récemment obtenu une rétroaction d’une étudiante au Baccalauréat spécialisé qui m’a dit qu’elle était incertaine de ce que je voulais dire lorsque j’utilisais l’expression « niveaux d’audition ». Elle estimait qu’un « niveau d’audition modéré » pourrait désigner une audition pas mal bonne. Je n’aurais jamais cru bon de clarifier le terme « modéré » en ce qui a trait à l’audition. Pour moi, ce terme puise ses racines à 15 ans de présence et de recherche auprès de la collectivité des personnes sourdes ou malentendantes. En tant qu’auteure, je dois être au courant de la façon dont un lecteur peu renseigné interprétera les mots que j’utilise.
Retrouver ma route grâce à la rétroaction
Un volet clé du processus rédactionnel, surtout chez une nouvelle chercheuse comme moi, est de chercher (et de gracieusement obtenir) une rétroaction sur mon manuscrit. Au fil de la longue vie d’un projet, du concept bourgeonnant à la mise en œuvre de l’étude puis à l’analyse, ma perspective peut s’embrouiller. Le principal point de l’article prévu peut s’obscurcir de toutes ces choses que je souhaitais vraiment partager. Il n’y a rien comme obtenir une rétroaction du genre « retranchez toute cette section : elle n’est pas nécessaire » pour me faire pleurer un peu par en-dedans par rapport au concept tant chéri que je dois sacrifier. Cependant, ce peut faire la différence entre un manuscrit qui vise juste et un manuscrit qui rate la cible.
Lire les réflexions des autres
Je trouve que lire les manuscrits d’autrui m’aide à reconnaître ce qui doit être clair dans mon propre écrit. Lorsque je lis le travail de quelqu’un d’autre, je remarque lorsque la formulation est ambiguë ou lorsque le manuscrit comporte des lacunes au niveau de la structure. Je remarque lorsqu’un énoncé n’est pas appuyé par une recherche, ce qui me fait mettre en doute les arguments de l’auteur. J’ai également constaté la situation inverse, où une chaîne de déclarations étayées omet de présenter un argument net de l’auteur. Ces observations m’aident à aborder mon écrit de manière plus objective, de sorte que je puisse imaginer comment un lecteur peut suivre le fil de ces mots que j’ai écrits.
Je continuerai de travailler à mon écrit pour fins de publication et également en prévision de la tâche intimidante de rédiger la dissertation inéluctable. Entre-temps, demeurez à l’affût de mon prochain billet sur comment j’espère pouvoir intégrer le concept de « transfert des connaissances » à ma conception de recherche dès le départ.
Légende de l’image de l’article : Bonita fronce des sourcils devant son ordinateur, en souhaitant que le processus d’écriture soit plus facile qu’il ne l’est mais résolue plus que jamais à conserver une perspective positive.
Bonita Squires, M. Sc., O(C), est une orthophoniste spécialisée en modification des accents. Elle a amorcé son Ph. D. en santé à l’Université Dalhousie en 2015. Son champ de recherche est l’évaluation du langage et de l’alphabétisme et les interventions connexes auprès des enfants sourds ou malentendants. Dans son ancienne vie (professionnelle), Bonita était interprète en ASL (langage des signes américain / anglais). Elle a enrichi son parcours des expériences langagières et personnelles que les personnes des collectivités sourdes ou malentendantes ont partagées avec elle. La série de blogues continue de Bonita, Trouver le Ph. D. en moi, partage certaines des réflexions qu’elle a acquises et certains des défis qu’elle a dû relever au fil de son parcours menant au doctorat.