Aides en santé de la communication

Published on 10 juin, 2019

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Regard sur la profession : orthophonistes en milieu scolaire (Sharon)

Le rôle d’un orthophoniste en milieu scolaire comporte de nombreux aspects et varie d’une école à l’autre. Cependant, tout le monde s’entend sur un point : les élèves profitent des bienfaits des services d’orthophonie!

Les orthophonistes travaillent avec les élèves pour les amener à réaliser leur potentiel en matière de communication. En retour, cela aide les élèves à réussir pendant leur parcours, que ce soit en se faisant des amis, en faisant leurs devoirs ou en s’épanouissant.

Afin de mieux connaître le travail des orthophonistes en milieu scolaire, nous avons demandé à certains de nos membres de nous faire part de leur expérience en milieu scolaire.

Aujourd’hui, nous recevons le témoignage de Sharon Halldorson.

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Décrivez votre milieu de travail.

Je travaille dans des écoles de Winnipeg, au Manitoba, depuis 35 ans. Au fil des ans, j’ai vu s’opérer beaucoup de changements dans le champ de compétences et la prestation de services en orthophonie. Au cours de la dernière décennie, une partie de mes fonctions d’administratrice des services aux élèves de la Seven Oaks School Division (SOSD) a comporté d’offrir du mentorat à six orthophonistes. J’occupe aussi des fonctions de mentor et de superviseure à temps partiel à la Division scolaire Louis Riel où je travaille avec trois orthophonistes.

Auprès de combien d’élèves environ travaillez-vous au cours d’une année scolaire?

Au cours d’une année scolaire, les orthophonistes en milieu scolaire du Manitoba qui travaillent à temps plein ont chacun la responsabilité de fournir des services divers à environ 80 à 100 élèves de la maternelle à la 12e année. Notre travail comporte un large éventail d’évaluations, d’interventions, de consultations et de services de soutien collaboratif aux élèves, aux enseignants et aux familles. Le renforcement des capacités du personnel de l’école occupe une place importante dans notre travail, car en 2019, notre champ de compétences comprend la littéracie et la communication sociale, en plus du développement de la parole et du langage.

Pouvez-vous nous parler d’un aspect de votre poste qui est particulier?

Comme orthophoniste à la SOSD depuis plusieurs années, mon travail a principalement consisté en un modèle de prestation de services axés sur la collaboration et le programme d’études. La plupart des orthophonistes de la SOSD fournissent du soutien aux enseignants et aux classes en se servant de ce modèle, ce qui influence aussi la communication de beaucoup d’autres élèves en plus de ceux dont ils s’occupent. Dans mon poste actuel à la Division scolaire Louis Riel (DSLR), j’ai une occasion unique d’aider trois orthophonistes dans leurs tâches quotidiennes en essayant d’intégrer ce modèle de prestation de services collaboratif à leur travail.

À quoi ressemble l’une de vos journées normales?

Les évaluations (p. ex., les tests normalisés) et les interventions traditionnelles (p. ex., retrait individuel ou en groupe) gardent leur importance, mais deux domaines font en sorte que mon mentorat est différent. L’un d’eux est l’évaluation informelle et l’autre, l’intervention en classe fondée sur le programme d’études.

Dans ma pratique, j’ai toujours trouvé que les échantillons de langage et l’observation des élèves, ainsi que la collecte de données sur le développement et les antécédents fournissent plus d’information que n’importe quel test normalisé. Pour vraiment comprendre le profil de communication d’un élève, il importe d’analyser ses différentes façons de parler (ou de s’exprimer par gestes) dans diverses situations. Cette observation permet d’obtenir tellement plus d’informations que celles fournies par le langage de surface (c.-à-d. la production de phrases) puisqu’elle favorise l’établissement d’un profil de communication fiable.

Le deuxième domaine sur lequel je mets l’accent est celui de l’intervention axée sur le programme d’études avec le personnel enseignant, qui est l’un des principaux objectifs de mon rôle de mentor. Il est important de rencontrer les enseignants pour parler des points forts de l’élève et de ses objectifs de communication, ainsi que de son profil individuel et de ceux du reste de la classe. La planification avec les enseignants, de même que l’enseignement conjoint sont les buts ultimes de la prestation de services. Cela profite autant aux élèves qu’aux enseignants quand notre expertise en tant qu’orthophonistes permet d’aider les enseignants à comprendre non seulement les objectifs de communication, mais aussi les composantes linguistiques des besoins pédagogiques de leurs élèves (p. ex., la conscience phonologique et morphologique). De leur côté, les orthophonistes bénéficient de l’approche pédagogique de l’enseignant et des stratégies qui aident tous les élèves à apprendre.

Dans le cadre de mon mentorat à la DSLR, je partage des articles, des ressources et des documents avec mes collègues et je réserve du temps pour examiner et échanger des idées. Je supervise les orthophonistes dans leurs écoles, mais nous organisons aussi des réunions de supervision des pairs et nous échangeons des idées par le biais d’observations dans les écoles des autres. Mon principal outil pour les interventions en classe est simple, mais efficace : ce sont les livres d’histoires. En choisissant d’avance avec les enseignants des livres qui sont captivants et adaptés à leur âge (et non à leur niveau de lecture), je suis en mesure de concevoir des interventions individuelles qui sont aussi intéressantes et productives pour tous les élèves. L’intégration des objectifs de chacun peut également être facilitée par les échanges au sujet des histoires. L’orthophoniste et l’enseignant peuvent travailler ensemble pour élaborer des activités de réflexion au sujet d’un livre. L’examen en petits groupes des objectifs établis pour la parole et le langage fournit un renforcement standard aux élèves qui font partie de la clientèle de l’orthophoniste. Le programme à la maison est simple : lire et parler de ce livre agréable et intéressant avant l’heure du coucher.

Qu’est-ce qui constitue la meilleure partie de votre travail?

Ce que je trouve le plus gratifiant, c’est ma collaboration directe avec les autres orthophonistes et leurs élèves, que ce soit en classe ou dans la salle de thérapie. Lorsqu’un enfant prononce correctement un son, qu’il produit une phrase avec exactitude ou qu’il raconte une histoire avec précision et qu’il sait qu’il a réussi, il n’y a pas de meilleur sentiment pour un orthophoniste. Je crois que c’est un « plus » pour nous tous dans ce domaine.

Quelle est l’une des parties les plus difficiles de votre travail?

Les difficultés se font nombreuses à mesure que le nombre de cas et la charge de travail augmentent, mais que le nombre d’employés demeure le même. Je crois cependant que nous pouvons, de concert avec les enseignants, maximiser notre potentiel pour faire une différence dans la vie des élèves en les aidant à communiquer plus efficacement, ce qui a pour conséquence d’améliorer leur rendement scolaire et, en fin de compte, leur confiance en eux.

Point à retenir : Que voulez-vous que les gens sachent à propos de votre travail d’orthophoniste en milieu scolaire?

Le mot à retenir ici est « collaboration ». Pour un travail d’équipe réellement efficace, il faut le soutien des administrateurs scolaires, une croyance en un objectif commun, de la confiance et des échanges, une compréhension du rôle de chacun, ainsi que de la souplesse, de l’organisation, de la créativité et un solide engagement. Être orthophoniste en milieu scolaire n’est pas chose facile en 2019, mais nous pouvons être plus productifs et plus efficaces en misant avant tout sur la collaboration avec les enseignants (et les parents, si possible), en réduisant le temps passé à faire des évaluations formelles, en utilisant un contenu thérapeutique qui a un sens pour les élèves et en collaborant avec eux dans le contexte scolaire le plus utile, c’est-à-dire en classe.

À propos de Sharon Halldorson

Sharon Halldorson est une orthophoniste qui détient un doctorat en troubles de la communication qu’elle a terminé en 1993 à l’Université de Boston. Les domaines d’intérêt de Sharon sont la conscience phonologique, les troubles d’apprentissage du langage, la littéracie et la prestation de services collaboratifs en milieu scolaire. Elle est actuellement administratrice des services aux élèves de la Seven Oaks School Division, mentor et superviseure à la Division scolaire Louis Riel et praticienne en cabinet privé à Winnipeg, Manitoba.




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