Aides en santé de la communication

Published on 15 mai, 2017

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Q et R sur les plus récentes recherches : Un modèle computationnel des troubles de la voix

Par Felicity Feinman

Dre Nicole Li-Jessen, titulaire d’une Chaire de recherche du Canada (niveau 2) en traitement médical personnalisé des troubles de la voix, professeure adjointe à l’Université McGill, coordinatrice nationale de la Journée mondiale de la voix* et directrice du Voice Lab*, a fusionné ses intérêts de recherche en traitement de la voix et en génie biomédical. Plus particulièrement, Dre Li-Jessen travaille à l’élaboration d’un modèle computationnel pour caractériser la réponse des patients à la thérapie vocale et à la phonochirurgie dans le cadre d’une étude subventionnée par le National Institute on Deafness and Other Communication Disorders*. Felicity Feinman, Agente aux communications d’OAC, a parlé avec Dre Li-Jessen sur sa dernière recherche.

Dans les Q et R ci-dessous, « OAC » désigne Felicity et « NLJ » désigne Dre Li-Jessen. Remarque : cette entrevue a été révisée par souci de clarté et de brièveté.

L’équipe de recherche du Voice Lab de Dre Li-JessenOAC : Comment en êtes-vous venue à vous intéresser à la voix?

NLJ : Cela remonte à l’époque où j’effectuais mon diplôme de baccalauréat à l’Université de Hong Kong. Les professeurs d’université choisissaient avec qui ils souhaitaient travailler pour les mémoires des étudiants. Mon professeur de voix, Edwin Yiu, m’a invitée à faire partie de son équipe et j’ai découvert que les sujets liés à la voix étaient fort intéressants. Edwin avait un lien avec Dre Katherine Verdolini Abbott de l’Université de Pittsburgh. Grâce à ce lien, je me suis mise à explorer davantage le domaine de la voix et j’ai choisi d’effectuer mon Ph. D. auprès de Dre Verdolini Abbott. J’ai également cultivé mes intérêts pour la régénération des tissus laryngés durant ma formation postdoctorale dans le laboratoire de Dre Susan Thibeault à l’Université du Wisconsin-Madison.

OAC : Quelle est votre recherche la plus récente?

NLJ : Mon programme de recherche, qui a débuté par mon Ph. D., met l’accent sur la biologie computationnelle. Aux côtés de mon équipe de recherche du Voice Lab de l’Université McGill, je travaille à élaborer un modèle computationnel qui peut prédire la réponse du patient ayant vécu un phonotraumatisme ou une blessure chirurgicale aux cordes vocales. Dans la clinique, nous avons observé que les réponses du patient au traitement et à la chirurgie vocaux varient et nous souhaitons en comprendre pourquoi. Nous voulons déterminer si cette réponse est attribuable à des facteurs génétiques, à des facteurs biologiques ou si les interférences mécaniques en thérapie de la voix peuvent également jouer sur le résultat qu’obtient une personne. Alors, mon équipe élabore un modèle computationnel pour tester et caractériser la réponse biologique et de guérison chez les patients ayant subi une blessure aux cordes vocales.

OAC : Quel est le plus grand défi auquel vous avez été confrontée jusqu’à présent dans votre recherche sur ce modèle computationnel?

NLJ : Le modèle est orienté données, alors nous avons besoin de beaucoup de données pour nous assurer que ce que nous prédisons correspond bien à ce qui se produit dans la clinique. Le modèle est multi-échelle, ce qui signifie que nous simulons ce qui survient au niveau cellulaire, au niveau tissulaire, au niveau organique et également au niveau fonctionnel pour ce qui est du comportement des cordes vocales. Cela rend difficile l’obtention d’une quantité suffisante de données pour l’étude empirique. Les données issues des humains peuvent être plutôt dispendieuses en termes de financement et de budgets de recherche. Alors, nous devons découvrir une façon de créer un modèle qui offre une bonne exactitude quant aux prédictions. Également, vu que nous ne pouvons saisir chaque échelle dans les cordes vocales du corps humain, nous devons découvrir une solution mitoyenne qui fera du modèle un outil suffisamment, mais pas démesurément, détaillé.

OAC : Qu’espérez-vous que les cliniciens retirent de votre recherche?

NLJ : Notre modèle est très biologique et axé sur les cellules. L’idée sous-jacente est que nous savons que la thérapie de la voix aidera les personnes, surtout celles ayant des nodules et d’autres problèmes bénins, mais nous ne savons pas vraiment quels facteurs biologiques rendent la thérapie de la voix avantageuse. Si nous apprenons que les mécanismes biologiques ont un rôle à jouer dans la thérapie de la voix, peut-être pourrons-nous mieux adapter la thérapie et optimaliser les résultats du traitement.

OAC : Quelle est la prochaine étape de votre parcours de recherche?

NLJ : J’élargis actuellement ma recherche. En plus de la modélisation computationnelle, je travaillerai avec Luc Mongeau, un professeur de génie mécanique à l’Université McGill, à la conception d’un biomatériau injectable pour la régénération des cordes vocales. Dans certaines situations, lorsque les tissus des cordes vocales sont très endommagés, le patient a besoin de plus qu’une thérapie de la voix et que les produits pharmaceutiques habituels. Nous avons besoin d’un produit que nous pouvons injecter ou implanter dans les cordes vocales pour générer des nouveaux tissus. Nous collaborons à la conception d’un biomatériau pour la régénération des cordes vocales.

OAC : Y a-t-il d’autres aspects que vous souhaitiez mentionner?

NLJ : Je sais que, dans le cadre de la formation en orthophonie, nous obtenons peu de données contextuelles sur la biologie cellulaire et moléculaire ou sur la programmation computationnelle. Pour les étudiants qui souhaiteraient effectuer de la recherche, pas seulement sur la voix, mais dans d’autres domaines, je pense que la biologie computationnelle est un sujet très prisé par la communauté scientifique. Alors, j’encouragerais les orthophonistes à explorer le domaine de la biologie computationnelle et de l’appliquer à leur propre domaine de recherche.

Lire le travail de Dre Li-Jessen sur la biologie computationnelle des cordes vocales :

Lire le travail de Dre Li-Jessen sur le génie tissulaire des cordes vocales :

*disponible en anglais seulement


Légende de l’image principale : L’équipe de recherche du Voice Lab de Dre Li-Jessen, de gauche à droite : Samson Yuen, adjoint de recherche de 1er cycle à l’Université McGill, Aman Garg, étudiant à la maîtrise à l’Université McGill, Patrick Coburn, étudiant au Ph. D. à l’Université McGill, Annie Douilette, gestionnaire du Voice Lab, James Cui, adjoint de recherche de 1er cycle à l’Université McGill, Dre Li-Jessen et Jalil Nourisa, étudiant au Ph. D. à l’Université McGill.




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