Published on 29 avril, 2019
0Orthophoniste en milieu scolaire : regard sur la profession
Le rôle d’un orthophoniste en milieu scolaire comporte de nombreux aspects et varie d’une école à l’autre. Cependant, tout le monde s’entend sur un point : les élèves profitent des bienfaits des services d’orthophonie!
Les orthophonistes travaillent avec les élèves pour les amener à réaliser leur potentiel en matière de communication. En retour, cela aide les élèves à réussir pendant leur parcours, que ce soit en se faisant des amis, en faisant leurs devoirs ou en s’épanouissant.
Afin de mieux connaître le travail des orthophonistes en milieu scolaire, nous avons demandé à certains de nos membres de nous faire part de leur expérience en milieu scolaire.
Aujourd’hui, nous recevons le témoignage d’Aimee Miller.
Décrivez votre milieu de travail.
Je suis clinicienne en pratique privée dans le centre-nord de l’Alberta. Je travaille en sous-traitance dans des écoles de la région qui sont subventionnées par la province, le gouvernement fédéral ou le secteur privé, de même qu’en milieu familial ou communautaire dans le cas des enfants qui ne font pas partie du système scolaire de leur région (ou qui y participent à temps partiel seulement). La façon dont j’ai intégré les équipes de ces écoles varie. Parfois, c’est la division ou l’école qui demande mes services. Dans d’autres cas, ce sont les services gouvernementaux à l’intention des enfants qui ont de graves incapacités qui favorisent ma participation. Il arrive aussi que ce soit la famille qui paie pour mes services.
Auprès de combien d’élèves environ travaillez-vous au cours d’une année scolaire?
Entre 60 et 90 élèves. Le nombre le moins élevé correspond aux enfants qui reçoivent un soutien constant d’un certain niveau, le nombre le plus élevé inclut tous les enfants qui bénéficient de mes services d’une manière ou d’une autre.
Pouvez-vous nous parler d’un aspect de votre poste qui est particulier?
C’est une question assez difficile parce que je ne suis pas sûr que mon poste est unique du tout compte tenu des diverses façons dont les orthophonistes fonctionnent dans les écoles. Je suppose que la partie la moins courante de mon poste est que je suis une clinicienne en pratique privée, généralement engagée sous contrat à des fins précises ou pour servir certains élèves en particulier. Donc, mon rôle peut varier considérablement d’une journée à l’autre. Dans certains cas, l’organisme offre déjà d’autres services d’orthophonie et je m’occupe de certains créneaux, comme le soutien intensif, les connaissances spécialisées ou le perfectionnement professionnel du personnel scolaire. Dans d’autres cas, je suis appelée à concevoir et à fournir des services dans des endroits qui ont peu ou pas l’habitude de recevoir des services d’orthophonie.
Pendant les mois où le climat est plus doux, je voyage parfois dans une camionnette convertie en caravane et je fais du camping entre les visites. Je rédige donc mes rapports en soirée dans un camping en compagnie des renards et des chevreuils qui me rendent visite. Heureusement, aucun ours ne s’est encore joint à ce cercle d’amis!
À quoi ressemble l’une de vos journées normales?
Mis à part les longues heures de conduite, aucune de mes journées n’est ordinaire.
Comment votre rôle s’inscrit-il dans la journée d’un élève?
Le rôle que je joue auprès de n’importe quel élève est entièrement adapté aux besoins et aux priorités de l’élève et de l’équipe. Cela peut prendre diverses formes. J’essaie d’adapter mon rôle et mes services de manière qu’ils répondent aux besoins de chaque équipe et que je puisse offrir un soutien approprié qui donne à chacune les moyens d’agir et de réussir.
Qu’est-ce qui constitue la meilleure partie de votre travail?
Les rapports humains! L’établissement de liens significatifs avec les élèves, les familles et le personnel de l’école est une valeur fondamentale de ma pratique. Je ne suis pas parfaite dans les relations, mais j’en fais une priorité tous les jours, même si les orthophonistes et le personnel de l’école peuvent avoir des journées très chargées. Je crois que cela permet que beaucoup d’autres aspects des services tombent en place plus facilement. Établir des relations humaines n’est pas chose facile parce que je suis toujours une « étrangère » au début, que mes visites sont généralement espacées, que je me retrouve souvent devant des situations délicates et que cela demande du temps et de l’énergie.
Dans le contexte des nombreux défis auxquels sont confrontés les orthophonistes en milieu scolaire, cela tient, à mon avis, en de petites choses. Par exemple :
- savoir qu’un élève et qu’une équipe ont hâte de passer du temps avec moi;
- quand un élève est tellement enthousiasmé par sa réussite qu’il commence à percevoir son avenir et à établir ses propres objectifs;
- voir un parent se détendre et sourire quand il se sent entendu et soutenu;
- la fragilité d’une équipe qui partage les difficultés et les réussites;
- être présent tout au long du parcours d’une équipe ou d’un parent qui part de « voici ce que l’enfant ne fait pas » et se rend à « voici ce que l’enfant fait bien ».
Quelle est l’une des parties les plus difficiles de votre travail?
Je suis isolée des autres orthophonistes, je dois donc travailler plus fort pour trouver des occasions de collaborer et d’apprendre des autres membres de notre profession.
Et gérer les demandes de services, bien sûr!
Point à retenir : Que voulez-vous que les gens sachent à propos de votre travail d’orthophoniste en milieu scolaire?
Être orthophoniste en milieu scolaire est loin d’être prestigieux. Il s’agit d’un rôle complexe qui comporte sa large part de défis. Notre rôle est souvent mal compris, sous-estimé et épuisant. Mais il peut aussi être dynamique, collaboratif, amusant et exceptionnellement gratifiant… et je sais que je suis exactement là où je suis censé être. Bravo à tous les orthophonistes en milieu scolaire du Canada qui font un travail spectaculaire tous les jours!
À propos d’Aimee Miller
Aimee Miller est orthophoniste agréée et travaille en pratique privée dans le centre-nord de l’Alberta. Elle a commencé sa carrière comme assistante en orthophonie dans une variété de milieux auprès d’orthophonistes exceptionnels avant de retourner à l’Université de l’Alberta pour y faire sa maîtrise. Aimee s’efforce constamment de maintenir un équilibre entre le travail et la vie privée et, lorsqu’elle y parvient, elle essaie de consacrer du temps aux arts et au ski, ainsi qu’à son entourage, ses chiens et son cheval.