Published on 18 juin, 2014
0La défense des intérêts et la recherche
Par Susan Rvachew, Ph. D, O(C), Lauréat du Prix Eve Kassirer pour réalisations professionnelles exceptionnelles
Le 9 mai 2014 dans le cadre du congrès d’Orthophonie et Audiologie Canada, j’ai eu l’immense honneur de mériter le Prix Eve Kassirer pour réalisations professionnelles exceptionnelles. J’avais d’abord cru comprendre que je disposais de deux minutes pour dire quelques mots, mais les lauréats ont ensuite été invités à réduire leurs allocutions à une minute, alors j’ai improvisé ce qui, à mon souvenir, fut un bafouillage relatif. J’ai décidé d’étoffer cette allocution dans mon blogue et dans un billet à la fois sur le site Web d’OAC et sur le blogue du Communiqué. Je me rappelle avoir eu suffisamment de présence d’esprit pour remercier le Comité des prix et Françoise Brosseau-Lapré et Susan Rafaat, les personnes qui ont proposé ma candidature, à l’égard de qui je suis très reconnaissante.
Judy Meintzer, la présidente d’OAC, a offert une charmante présentation qui a porté sur certaines de mes réalisations administratives, dont beaucoup ont trait à mon enseignement des élèves. Par conséquent, il n’est peut-être pas étonnant d’apprendre que Françoise, mon étudiante la plus accomplie, et maintenant professeure adjointe à l’Université Purdue, ait proposé ma candidature à ce prix. Dans mon esprit, cependant, ma carrière a été principalement marquée par mes efforts pour mener de la recherche ayant des ramifications directes sur l’exercice clinique ou sur les politiques en soins de santé et, ensuite, pour communiquer ces ramifications aux cliniciens et aux stratèges. Au fil de ma carrière, j’ai été satisfaite de la reconnaissance que mes efforts ont reçue. Ma dissertation de doctorat sur le babillage des nourrissons, par exemple, ne fut pas une chose très spectaculaire, mais les efforts subséquents pour mettre en lumière le développement vocal précoce comme étape importante de l’acquisition du langage ont été reconnus par le Prix de promotion d’OAC (dans la catégorie « Réalisations en audiovisuel ») en 2000. De même, ma contribution à la recherche sur le thème des tâches à rendement maximal est minime mais mes efforts pour enseigner aux orthophonistes comment bien appliquer cette technique d’évaluation et pour promouvoir son utilisation même auprès des jeunes patients ont mérité le Prix du rédacteur en chef de la RCOA en 2007. Mes travaux dans le domaine de la conscience phonologique et des troubles de la parole sont bien connus mais ce fut ma communication des ramifications de ces travaux aux pédiatres qui a été reconnue grâce au Prix Noni McDonald, également en 2007. La reconnaissance internationale que j’ai reçue avec la bourse de l’ASHA en 2012 témoignait en partie de la nature et de la portée cliniques de ma recherche. Je pense que ce n’est pas le fruit du hasard que je reçoive le Prix Eve Kassirer maintenant, alors que je suis pleinement plongée dans le projet des données-repères en matière de délais d’attente — une initiative de l’Alliance pancanadienne coordonnée par Susan Rafaat à propos de qui j’écrirai davantage dans un futur billet. À nouveau, je ne m’emploie pas seulement à faire en sorte que les recommandations touchant les délais d’attente soient fondées sur des données probantes mais bien à élaborer une stratégie de communication efficace et bien formulée pour promouvoir l’utilisation de ces données-repères.
J’en viens maintenant aux points que j’essayais un peu maladroitement d’énoncer au cours de la soirée du 9 mai. J’avais consacré une bonne part du congrès à parler aux participants des données-repères en matière de délais d’attente chez les patients atteints de troubles de la parole, tout en distribuant les cartes annonçant la nouvelle recommandation. J’ai eu beaucoup de conversations intéressantes à propos des défis de réduire les délais d’attente chez différentes compétences à l’échelle du Canada. Je sais que les orthophonistes individuels se sentent souvent impuissants pour ce qui est d’effectuer un changement ou d’apporter une contribution pour résoudre un problème aussi grand. Les solutions, cependant, se trouvent simultanément dans la défense des intérêts et dans la recherche. C’est là où la membriété de votre association nationale, c’est-à-dire, dans le contexte canadien, OAC, est si cruciale. OAC s’est avéré un magnifique défenseur et sa voix percutante dépend entièrement de la taille de sa membriété. Une défense des intérêts réussie est également tributaire de bons renseignements — des renseignements qui soient fiables et pertinents face aux pratiques et aux politiques que nous promouvons. OAC a très bien recouru à une recherche par sondage pour communiquer les variantes interprovinciales en concrétisation des normes nationales sur le dépistage de la surdité chez le nouveau-né, par exemple, et son tableau illustrant le nombre d’orthophonistes et d’audiologistes par habitant à l’échelle du Canada est renversant. Un autre aspect d’égale importance est le besoin de plus de recherches cliniques pour aider les cliniciens à offrir leurs services de manière plus efficace et efficiente si nous voulons respecter les données-repères en matière de prestation opportune et réussie des soins. Voici une question qui me préoccupe grandement : le fait que le Canada ne compte aucun organisme de financement de la recherche équivalent au National Institute on Deafness and Other Communication Disorders et, par conséquent, la très grande difficulté à obtenir du financement au Canada pour la recherche appliquée en orthophonie ou en audiologie. Le programme des bourses de recherche clinique d’OAC est une minuscule première étape que nous devons encourager et élargir.
Pour résumer, si nous devons faire en sorte que les enfants et les adultes ayant des troubles de l’audition, de la communication et de la déglutition obtiennent les services dont ils ont besoin au moment qui leur convient, la mesure la plus importante que nous pouvons prendre en tant qu’individus est de joindre OAC, d’encourager nos collègues à joindre OAC et de promouvoir les efforts d’OAC pour financer la recherche clinique.
À propos de l’auteure :
Susan Rvachew, Ph. D., O(C)
École des sciences et des troubles de la communication
McGill University
Montreal (Québec)
Canada
www.medicine.mcgill.ca/srvachew
http://developmentalphonologicaldisorders.wordpress.com/