Aides en santé de la communication

Published on 11 avril, 2016

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In memoriam : Margaret Love Stoicheff, Ph. D.

Par Carla Johnson


La profession de l’orthophonie a perdu une collaboratrice appréciée et de la première heure, par suite du décès de la Dre Margaret Love Stoicheff le 9 février 2016, à l’âge de 82 ans. On se souviendra de Margaret comme d’une clinicienne compatissante et compétente, d’une défenseure acharnée et visionnaire de notre profession, d’une enseignante exemplaire et d’un modèle pour les collègues et les étudiants.

Margaret a obtenu son Ph. D. en 1959 de l’Université d’État de l’Iowa (maintenant l’Université de l’Iowa), un des programmes universitaires les plus précoces et les plus reconnus en Amérique du Nord. Elle est ensuite retournée en Ontario où elle est devenue l’une des premières professionnelles à exercer dans sa province d’origine. Durant ses premières années dans la profession, elle a joué un rôle déterminant dans la création et la direction du département d’orthophonie à l’Hôpital général de Toronto. En 1979, elle est devenue membre du corps professoral à temps plein du département d’orthophonie à l’Université de Toronto, où elle a travaillé jusqu’à sa retraite. À l’Université de Toronto, Margaret a enseigné divers cours universitaires, supervisé des étudiants en pratique clinique et assumé des postes administratifs clés, notamment celui de coordinatrice des Études supérieures et de directrice du département (de 1983 à 1989).

Margaret a également été l’un des membres fondateurs de l’Ontario Speech and Hearing Association (maintenant connue comme l’Ontario Association of Speech-Language Pathologists and Audiologists). Elle a mérité les honneurs de l’Association en 1985 en reconnaissance de sa contribution et de ses autres démarches pour participer au développement des professions. Margaret a aussi aidé à jeter les bases de la réglementation des professions en Ontario grâce à son travail à titre de membre du conseil de 1992 à 1997, aux tous débuts de l’Ordre des audiologistes et orthophonistes de l’Ontario.

J’ai d’abord rencontré Margaret en 1990 alors que je postulais un emploi de professeur à ll’Université de Toronto. Elle m’a impressionnée tout de suite par l’enthousiasme et la curiosité qu’elle a manifestés lors de cette première rencontre, surtout au sujet de ma recherche et de ses ramifications. Dès que j’ai joint le corps professoral, j’ai vite appris que ces traits étaient les sceaux de toutes les interactions professionnelles de Margaret. Margaret était une ressource inestimable pour moi et pour les autres nouveaux membres du corps professoral qui ont joint le département au début des années 1990. Elle a patiemment et consciencieusement partagé son savoir-faire et ses intuitions, en nous encadrant tout au long de nos premières années de vie universitaire.

Margaret montrait une compassion et un savoir-faire similaires dans ses interactions avec les clients et les étudiants. Un de ses champs d’intérêt particuliers était l’enseignement aux personnes transidentitaires à utiliser les motifs d’amplitude et de prosodie appropriés au discours du genre vers lequel elles effectuaient la transition. Nos étudiants étaient particulièrement intrigués par son travail et ont volontairement proposé leur expérience clinique sous la tutelle compétente de Margaret. Ceux qui ont reçu ces assignations de choix étaient ravis; ceux qui en étaient privés étaient déçus mais souvent prenaient le temps d’observer les séances et d’apprendre tout ce qu’ils pouvaient de Margaret, par procuration.

Les étudiants ont également profité du travail de Margaret au nom de l’association d’orthophonie de l’Université de Toronto. En reconnaissance de ses contributions, l’association des anciennes et des anciens administre maintenant deux prix nommés en son honneur. L’un est une bourse qui appuie une étudiante ou un étudiant de l’l’Université de Toronto éprouvant un besoin financier impérieux et l’autre reconnaît une étudiante ou un étudiant qui, selon ses condisciples, a contribué le plus à l’esprit de la promotion.

La famille était également un important point focal de la vie de Margaret. Celle-ci appréciait passer du temps avec sa fratrie (quatre sœurs et un frère) et leurs enfants et petits-enfants, en leur consacrant souvent ses journées de congé. Ses chiens lui offraient des précieuses heures de compagnonnage et de divertissement. En outre, elle avait du plaisir à chanter, à peindre et à s’adonner à des activités en plein air.

Je terminerai cet hommage en évoquant l’un de mes souvenirs préférés à propos de Margaret. Les membres du corps professoral de l’Université de Toronto constituaient un groupe tissé serré qui organisait des dîners-partages périodiques. L’un des plus mémorables a été organisé par Margaret chez elle. À notre arrivée, nous avons été accueillis par ses deux chiens, Jasper et Quincy, puis escortés dans la maison où nous avons disposé nos mets-partage sur d’élégantes tables que Margaret avait dressées. Nous profitions tous de boissons et de conversations pré-dînatoires lorsque nous avons entendu un grand bruit et vu Jasper courir à l’autre bout de la pièce avec toute une miche de pain italien dans sa gueule! Le pauvre Jasper n’a pas été autorisé à assister au reste de la soirée. Nous autres, par contre, avons pu profiter d’une merveilleuse soirée, y compris des ballades dynamiques et la fabuleuse omelette norvégienne de Margaret.

Margaret Stoicheff restera gravée dans la mémoire de tous ceux qui l’ont personnellement connue. Elle laisse derrière elle un remarquable héritage professionnel qui persistera dans la vie des nombreux clients, étudiants et collègues qu’elle a touchés, directement ou indirectement.


Carla J. Johnson, Ph. D., a été membre du corps professoral du département d’orthophonie de l’Université de Toronto de 1991 à 2010. Ses intérêts en travail clinique, en enseignement et en recherche avaient trait au domaine de la parole et du langage chez les enfants.




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