Published on 6 octobre, 2014
0Évaluation de programme d’une séance d’éducation des parents : une initiative d’amélioration de la qualité
Par Robin Gaines, Ph. D., O(C), CCC-SLP, Reg. OAOO, et Carol Theoret-Douglas, M. Sc., O(C), Reg. OAOO
Introduction
Les données probantes laissent entendre qu’une intervention précoce fait partie intégrante de la réussite du traitement des troubles de la parole et du langage chez les jeunes enfants (McCain et Mustard, 1999; Reynolds, 2004). Étant donné que les restrictions financières ont prolongé les temps d’attente pour les services d’intervention précoce en orthophonie subventionnés à même les fonds publics, les parents ont un rôle clé à jouer dans la reconnaissance des retards de leur enfant et dans la réaction face à ces retards. Ainsi, il est impératif que les parents apprennent des stratégies efficaces pour promouvoir le développement de leur enfant. C’est avec ces trois facteurs à l’esprit — l’importance de l’intervention précoce, l’augmentation des temps d’attente et la nécessité pour les parents d’utiliser des stratégies efficaces — que l’équipe clinique et gestionnelle du Programme de services de rééducation de la parole et du langage (PSRPL) chez les enfants d’âge préscolaire Premiers mots a lancé la création du Programme d’éducation des parents. Il y a eu très peu d’études qui évaluent l’efficacité des programmes d’éducation des parents selon une formule de groupe. La recherche sur les programmes de formation des parents qui ont des enfants chez qui on soupçonne un retard ou un trouble primaire de la parole et du langage est également limitée. Ainsi, les constatations de cette étude fournissent des données probantes hâtives pour la réussite d’un programme d’éducation des parents personnalisé, y compris des stratégies d’intervention précoce, dans les situations où il y a un long délai d’attente pour un jeune enfant ayant un trouble de la parole et du langage.
Programme d’éducation des parents de Premiers mots
Le PSRPL Premiers mots a élaboré le Programme d’éducation des parents pour aider les parents à offrir un service éducatif alors que leur enfant se trouve sur la liste d’attente pour une évaluation orthophonique. Une équipe d’orthophonistes et d’aides en santé de la communication du PSRPL Premiers mots à Ottawa a élaboré et peaufiné le programme, qu’elle a enseigné selon une formule de séminaires de groupe. Le programme a été normalisé pour que les membres de l’équipe puissent présenter la même documentation de manière systématique. Cette étude a comporté quatre phases, chacune caractérisée par des interrogations particulières :
- Phase 1 : L’éducation des parents est-elle un service utile à notre programme? Les parents apprennent-ils un contenu au fil de la séance?
- Phase 2 : Les parents conservent-ils ce qu’ils ont appris jusqu’au moment de l’évaluation de leur enfant (de 12 à 16 semaines après la séance d’éducation des parents)?
- Phase 3 : Y a-t-il des différences dans l’apprentissage et la conservation du contenu par les parents lorsque la séance est offerte en petit groupe (d’au plus 12 familles) plutôt qu’en grand groupe (d’au plus 30 familles)?
- Phase 4 : Apporter des améliorations à la séance (c.-à-d. inclure une discussion interactive des problèmes, ajouter des vidéoclips ou réorganiser le contenu) faciliterait-il l’apprentissage, la conservation et l’utilisation des stratégies par les parents? Quel genre de rétroaction qualitative les parents fournissent-ils au sujet de la séance modifiée?
Méthodes
Le PSRPL Premiers mots a organisé des séances d’éducation des parents deux fois par mois selon une formule de séminaires de groupe. On a créé sept groupes en tout, regroupant au total 151 parents. Chaque séance durait environ deux heures. Un orthophoniste certifié a présenté des renseignements sur les retards de parole et de langage ainsi que des stratégies pour promouvoir les habiletés de parole et de langage. L’orthophoniste a également dirigé des discussions de groupe et encouragé les parents à poser des questions. Les renseignements ont été présentés de manière dynamique avec des exemples explicites et des diapos en PowerPoint. Les parents sont repartis à la maison avec des tirés-à-part à consulter ultérieurement et à échanger avec d’autres personnes dans la vie de l’enfant. Pour la Phase 1, nous avons élaboré un questionnaire pré-/post-séance pour calculer dans quelle mesure les parents ont maîtrisé la documentation que nous leur avons présentée. Ce questionnaire contenait neuf questions (sept de type choix multiples et deux de type vrai ou faux; voir l’Annexe A, disponible qu’en anglais). Les parents ont répondu au questionnaire immédiatement avant et après la séance d’éducation. Au cours de la Phase 2, nous avons ajouté un questionnaire complémentaire pour les parents juste avant l’évaluation de leur enfant (de 12 à 16 semaines après la séance). Lors de la Phase 3, nous avons remis le questionnaire à deux groupes de parents (un petit groupe et un grand groupe). Dans la Phase 4, nous avons ajouté trois nouvelles questions ouvertes. Deux faisaient partie du questionnaire pré-séance et demandaient aux parents de préciser pourquoi ils sollicitaient des services orthophoniques et ce qu’ils souhaitaient apprendre des séances. Nous avons ajouté le troisième élément des mesures post-séance pour demander aux parents d’énumérer toute stratégie qu’ils avaient apprise de la séance et qu’ils avaient utilisée auprès de leur enfant. Après la séance de la Phase 4, nous avons fourni aux parents un questionnaire pour qu’ils puissent coter leur satisfaction à l’égard du programme (voir l’Annexe B, disponible qu’en anglais).
Résultats
Les résultats des Phases 1, 2 et 3 ont indiqué que les parents ont appris la majorité des renseignements présentés. Les parents ont également conservé les renseignements jusqu’à l’évaluation de leur enfant (Phase 2). Nous n’avons observé aucune différence réelle entre les formules en grand groupe et en petit groupe dans l’apprentissage ou la conservation (Phase 3). Les résultats de la Phase 4, comparés à ceux de la Phase 3, ont montré que l’utilisation de techniques d’enseignement plus vigoureuses augmentait l’apprentissage et la conservation des connaissances chez les parents, surtout pour ce qui est des stratégies d’intervention. Enfin, la majorité des parents ont indiqué que le programme était à la fois utile et souhaitable en tant que service, comme le prouvent les énoncés formulés directement par les parents qui ont participé au programme. Un parent a dit ce qui suit à propos du programme: il « m’a fait prendre davantage conscience de la façon d’être un modèle de parole et de conserver les phrases brèves et factuelles ». Un autre a affirmé qu’il « [m’a aidé à me sentir] rassuré que nous étions sur la bonne voie ».
Conclusion
Cette étude a montré qu’un programme d’éducation des parents fondé sur une formule de groupe constitue un moyen efficace de fournir aux parents à la fois des renseignements essentiels sur les habiletés de parole et de langage de leur enfant et des stratégies pour promouvoir des résultats optimaux. Les parents peuvent mettre en œuvre les stratégies à la maison auprès de leur enfant en attendant une évaluation; ainsi, le programme est un moyen de procurer une intervention précoce nécessaire. Qu’il n’y avait aucune différence notable dans l’apprentissage des parents selon la taille des séances était une constatation importante pour l’allocation efficace du temps des cliniciens; dans notre cas, cela a permis à l’orthophoniste d’utiliser ce temps supplémentaire pour effectuer davantage d’évaluations. Cette observation est très utile compte tenu que les délais d’attente avant de consulter des orthophonistes ont continué d’augmenter et que cette tendance semble peu sujette à changement dans un avenir prochain.
Bibliographie
McCain, M. N. et Mustard, J. F. (1999), Reversing the Real Brain Drain: Early Years Study, Rapport, Toronto : Secrétariat des enfants de l’Ontario. Reynolds, A. J. (2004), Recherche sur les interventions chez la petite enfance, Children and Youth Services Review, vol. 26, p. 15-38.
À propos des auteurs :
Robin Gaines, Ph. D., O(C), CCC-O, Reg. OAOO, est chercheuse clinicienne à l’Institut de recherche du Centre hospitalier pour enfants de l’Est de l’Ontario (Université d’Ottawa) et orthophoniste clinicienne au CHEO. Mme Gaines et ses collègues chez Premiers mots Programme de services de rééducation de la parole et du langage chez les enfants d’âge préscolaire présentent le programme d’éducation des parents dans le cadre de son service clinique à l’intention des familles.
Carol A. Theoret-Douglas, M. Sc., O(C), Reg. OAOO, est directrice du Programme de rééducation et du Service de la douleur chronique au Centre hospitalier pour enfants de l’Est de l’Ontario. Diplômée de l’Université McGill, elle a travaillé dans les soins en milieu scolaire, dans un cabinet privé communautaire et dans le contexte hospitalier. Mme Theoret-Douglas appuie la recherche professionnelle et interprofessionnelle au CHEO et elle est chercheure associée à l’Institut de recherche du même établissement.