Aides en santé de la communication (Deuxième partie)

Published on 9 décembre, 2014

0

Carrières en santé de la communication : Jusqu’où vous mènera votre diplôme? (Deuxième partie)

Les professionnels en santé de la communication qui travaillent dans les contextes scolaires aident à répondre aux besoins de communication des enfants dans la salle de classe et reçoivent souvent en consultation des douzaines d’enfants chaque jour.

Par Riana Topan, Adjointe aux communications d’OAC.
Le présent article a été publié à l’origine dans l’édition d’hiver 2014 du « Coin des étudiants ».


Vous avez déjà pris la décision de devenir un professionnel en santé de la communication, mais savez-vous où vous souhaiterez travailler après l’obtention de votre diplôme? Le présent article constitue la deuxième partie de notre série « Carrières en santé de la communication », qui vous donne un aperçu des carrières concrètes en orthophonie et en audiologie dans différents contextes. La Première partie, contenue dans notre dernier numéro du Coin des étudiants, se penchait sur ce à quoi ressemble un travail dans un cadre médical à titre de clinicien en milieu hospitalier. La Deuxième partie, ci-dessous, porte sur les professionnels en santé de la communication qui travaillent en milieux scolaires.

Le son familier d’une cloche d’école signale le début d’une autre journée fort occupée non seulement pour les étudiants et les enseignants, mais également pour les nombreux orthophonistes, audiologistes et aides en santé de la communication qui travaillent en éducation. Ces professionnels cherchent à s’assurer que tous les enfants aient accès aux services et à l’éducation dont ils ont besoin pour réussir plus tard dans la vie.

Pour certains, comme Sharon Storr, une orthophoniste qui relève d’un conseil scolaire de l’Ontario, la décision de travailler dans un milieu scolaire allait de soi. « J’ai toujours su que je travaillerais auprès des enfants », affirme Mme Storr, qui a consacré les cinq dernières années au sein de l’équipe d’aide aux personnes autistes qui répond de ses interventions au conseil scolaire. Elle sait que cette sphère d’activités constituait un choix judicieux : « J’apprécie vraiment de participer au cheminement des étudiants dont j’ai la charge et je constate que j’y apprends sans cesse quelque chose. J’aime immensément cet aspect de mon poste. »

Cependant, beaucoup de professionnels en santé de la communication en milieu scolaire n’ont jamais planifié de poursuivre leur exercice dans le monde de l’éducation. Sandra Vandenhoff, une audiologiste qui travaille aujourd’hui pour le Conseil de scolaire de Calgary, a amorcé sa carrière en distribuant des appareils auditifs au nom du gouvernement provincial de l’Île-du-Prince-Édouard puis a travaillé dans un cabinet privé en Colombie-Britannique. Elle a ensuite accédé à un poste chez Phonak, un fabricant d’appareils auditifs et de systèmes MF, avant de poser sa candidature auprès du Conseil scolaire de Calgary. « Lorsque le poste est devenu vacant, je n’ai pas hésité une seconde. C’était en partie risqué vu qu’il s’agissait seulement d’un poste temporaire et à temps partiel, mais je le voulais tellement que j’ai fait fi de toute prudence. Heureusement, le poste temporaire est devenu permanent et les heures à temps partiel se sont transformées en un temps plein. » Mme Vandenhoff est heureuse de dire qu’elle adore ce qu’elle fait : « Je suis si heureuse d’avoir effectué la transition vers l’audiologie éducative. C’est de loin mon meilleur poste à ce jour. »

Rachel Chiasson a vécu une expérience quelque peu mitigée. Bien que Mme Chiasson ait toujours travaillé à titre d’orthophoniste en milieu scolaire, elle n’a pas apprécié son premier emploi auprès d’un conseil scolaire. « J’y étais très malheureuse… Je servais quatre écoles situées à deux heures l’une de l’autre et les routes sur lesquelles je devais conduire étaient hasardeuses. J’étais également chargée d’un nombre élevé de cas et je trouvais difficile d’avoir l’effet escompté sur mes élèves », explique-t-elle. « Quand je recevais les élèves en consultation, ils avaient depuis longtemps dépassé les années de développement cruciales et il était très difficile d’avoir un effet sur leurs connaissances de base tout en répondant aux exigences que l’école leur impose. »

Maintenant qu’elle travaille pour deux écoles destinées aux membres des Premières Nations de Cap‑Breton (en Nouvelle-Écosse), Mme Chiasson se porte à merveille. « Les deux écoles ont bien accueilli mes forces et m’ont permis d’offrir des services bien adaptés à tous les élèves. Il m’a fallu environ une décennie, mais je me sens enfin exactement à l’endroit où je suis censée être. » En parlant à Mmes Storr, Vandenhoff et Chiasson, il est évident qu’il n’existe aucun parcours professionnel établi pour accéder à un poste de professionnel en santé de la communication en milieu scolaire. Et, fait important à souligner, il n’est jamais trop tard pour effectuer un changement de cap — même si vous ne savez pas quel domaine vous convient, vous avez le temps d’explorer vos options.

Si vous vous interrogez sur l’adéquation d’une carrière en éducation, travailler dans le système scolaire semble être idéal pour celles et ceux qui aiment la variété, mais qui performent bien dans des environnements structurés. La plupart des journées de travail s’échelonnent de 8h00 ou 8h30 à 16h00 ou 17h00 et elles exigent souvent que les professionnels en santé de la communication visitent plus d’une école. Mmes Vandenhoff et Storr consacrent une bonne partie de chaque journée à se déplacer en auto d’un emplacement à l’autre, en priorisant les situations qui surgissent et en travaillant avec un ou deux enfants ou plus de 50 enfants d’une même école. « Ma journée est divisée également entre le traitement des urgences (bris d’équipement) et le contrôle préventif et la vérification du matériel. J’essaie aussi de renforcer les capacités des enfants et des enseignants de sorte qu’ils puissent diagnostiquer les problèmes techniques eux-mêmes », explique Mme Vandenhoff.

Cependant, ce ne sont pas tous les professionnels en santé de la communication en milieu scolaire qui ont autant de variation dans leur journée. Mme Chiasson passe ses matinées à travailler auprès des enfants autistes et ses après-midi à s’adonner à de la thérapie de groupe. Sa charge de cas qui compte environ 70 élèves, au total, est légère à comparer à celle de certains orthophonistes en milieu scolaire. Il ne fait aucun doute que travailler dans une école peut constituer un travail prenant; après tout, chaque emploi compte son lot de défis. Mais il offre également des récompenses phénoménales.

Après avoir précisé qu’elle apprécie beaucoup de « pouvoir réfléchir à des solutions à un problème de manière nouvelle et créative », Mme Storr a dit que la meilleure partie de ses tâches est de voir sourire les enfants dont elle s’occupe. De même, les moments préférés de Mme Chiasson sont lorsqu’elle s’aperçoit qu’un enfant réalise des progrès dépassant toutes attentes et s’enorgueillit de tout le chemin qu’ils parcourent. Et vous n’avez pas à patienter longtemps pour constater les ramifications de votre travail : Mme Vandenhoff a dit qu’elle voit ses élèves exprimer soulagement et gratitude au quotidien lorsqu’elle parvient à les aider à utiliser la technologie pour exprimer tout leur potentiel.

Mme Vandenhoff a même reconnu qu’elle était étonnée de se rendre compte à quel point elle apprécie son travail. « J’ignorais l’étendue des possibilités de m’amuser tout en travaillant! Surtout dans les écoles primaires, les enfants trouvent presque tout stimulant. Ils sont ravis d’arriver à l’école, ravis lorsque la récré commence, ravis lorsque la récré est terminée… ils ont une joie de vivre qui est contagieuse. »

Si vous souhaitez travailler à titre de professionnel en santé de la communication en milieu scolaire,Mmes Storr et Vandenhoff recommandent de cumuler le plus d’expériences pertinentes possible avant d’amorcer votre carrière dans le système scolaire. Mme Storr suggère que vous appreniez à bien maîtriser les formes peu et très techniques des appareils de communication suppléante et alternative (CSA) si vous prévoyez travailler dans les troubles du spectre autistique, par exemple, et Mme Vandenhoff affirme que sa connaissance antérieure des appareils auditifs, des implants cochléaires et des systèmes MF s’est avérée très avantageuse pour elle dans son poste actuel. Vous voudrez également vous assurer de posséder de solides compétences en communication, de savoir comment fonctionner en équipe, de bien vous adapter aux changements et de montrer de l’empathie pour vos élèves et vos collègues. Selon Mme Storr, un sens de l’humour est essentiel aussi.

Bien entendu, l’aspect le plus important est que vous soyez passionné de ce que vous faites, au point de ne jamais craindre de cibler les tâches convoitées. Lorsqu’on lui a demandé quelle serait le dernier conseil qu’elle servirait aux étudiants qui envisagent de travailler en éducation, Mme Chiasson avait les sages recommandations suivantes à formuler : « Les employeurs [peuvent] essayer de vous inciter à travailler plus d’heures que ce qui est sain, de conduire dans des conditions qui ne sont pas sûres ou d’assumer un nombre de cas déraisonnable. Demeurez ferme. Vous passez le plus clair de votre temps au travail, alors vous devez être à l’aise avec ce que vous faites et vous devez apprécier votre emploi. La vie est trop courte pour vous confondre en compromis. »

Restez à l’affût de la troisième partie de notre série « Carrières en santé de la communication », qui portera sur les professionnels en santé de la communication qui exercent dans un cabinet privé. Un merci tout spécial aux personnes suivantes pour leur aide dans la préparation de la deuxième partie :

Rachel Chiasson, B. Sc., M. Sc.
Orthophoniste et spécialiste de l’autisme, We’koqma’q & Wagmatcook First Nations School, Cap-Breton (Nouvelle-Écosse)

Sharon Storr, EAO, M. Sc., Reg. CASLPO, O(C)
Orthophoniste, Autism Programs and Services, Toronto Catholic District School Board, Toronto (Ontario)

Sandra Vandenhoff, Au.D., R. Aud
Audiologiste, Calgary Board of Education, Calgary (Alberta)

Riana_Topan

Riana Topan
Adjointe aux communications d’OAC
riana@sac-oac.ca




Back to Top ↑