Aides en santé de la communication

Published on 30 août, 2019

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Bourses d’études en l’honneur de membres d’OAC

Par Virginia Martin

Plusieurs des bourses d’études canadiennes remises chaque année portent le nom de certains des premiers membres de l’association. Chacune rend hommage à un orthophoniste ou un audiologiste qui a été l’un des pionniers de nos professions au Canada.

L’héritage d’Elaine Clemons (1925-1992)

Margaret Elaine Clemons fut l’une des premières à pratiquer l’une de nos professions en Colombie-Britannique et elle fait partie des membres fondateurs de la British Columbia Speech and Hearing Association (maintenant la Speech and Hearing BC) et de l’Association canadienne d’orthophonie et d’audiologie (maintenant Orthophonie et Audiologie Canada).

Selon le répertoire de l’American Speech and Hearing Association de 1953 (maintenant l’American Speech-Language-Hearing Association ou l’ASHA), Mme Clemons a enseigné et fourni des services d’orthophonie à des enfants. Dans un article nécrologique, on la décrit comme « … une amie formidable pour nos professions… la toute première orthophoniste à travailler au sein du système scolaire de Vancouver… ».

Dans un article en ligne sur la fondation de Speech and Hearing BC, Mme Clemons a écrit ceci : « Nous avons fait passer un avis dans le journal local afin d’inviter les personnes intéressées à former une association d’orthophonistes à se présenter à une réunion en décembre 1953. »  Ces rencontres ont mené à la British Columbia Speech and Hearing Association en 1957, créant ainsi la seconde association provinciale au Canada.

Mme Clemons fut parmi les premiers et les plus fidèles partisans d’une association professionnelle nationale au Canada. Au cours de la rencontre de l’ASHA de 1964 tenue à San Francisco, Mme Clemons et 11 autres professionnels du Canada unirent leurs forces pour fonder l’Association canadienne d’orthophonie et d’audiologie (CSHA).

En plus d’avoir travaillé à son compte, Mme Clemons a aussi été membre du British Columbia Speech and Hearing Association Private Practice Interest Group, un groupe novateur qui fut l’un des premiers à établir des normes pour la pratique privée.

Mme Clemons s’intéressait à l’histoire des professions en Colombie-Britannique et elle a rassemblé beaucoup d’information à ce sujet. Ses documents originaux, qui se trouvaient dans les dossiers de l’association provinciale d’orthophonie et d’audiologie, ont malheureusement été perdus. Elle a pu retrouver certaines informations, probablement de mémoire, et plus tard, a rédigé un historique du début des professions en Colombie-Britannique.

 Mme Clemons aura été en contact avec bon nombre des pionniers de la première heure lors des réunions de l’ASHA et, plus tard, de l’Association canadienne d’orthophonie et d’audiologie. Lorsqu’on examine l’histoire des professions au Canada, il apparaît clairement que les plus anciens membres des professions qui ont appuyé ces associations ont joué un rôle stabilisateur dans les professions. Par exemple, au cours de la décennie 1970-1980, la Colombie-Britannique a connu une « augmentation spectaculaire du nombre d’orthophonistes et d’audiologistes œuvrant dans la province puisque ce chiffre est passé de 30 à 240 ». Elaine Clemons aura fait partie de ces premiers membres permanents qui ont servi de mentors au nouveau personnel et qui ont milité pour les associations professionnelles à un moment où survenaient beaucoup de changements parmi les membres du personnel.

Reconnaissance

Chaque année, le Margaret Elaine Clemons Award est attribué à des étudiants de l’Université de la Colombie-Britannique qui font preuve d’excellence tant sur le plan scolaire que clinique. Le British Columbia Speech and Hearing Association Speech-Language Pathology Private Practice Interest Group a créé ce prix en mémoire de Mme Clemons.

L’héritage de Grace Harris (1920-2002)

Grace Harris fut la première à recevoir la distinction honorifique de l’Association canadienne d’orthophonie et d’audiologie (maintenant Orthophonie et Audiologie Canada) en 1977. Elle était bien connue comme auteure de Language for the Preschool Deaf Child, un livre publié en 1950 et qui a été réédité plusieurs fois depuis. Elle est aussi l’auteure de Early Guidance for the Hearing Impaired et la co-auteure du cours par correspondance intitulé The John Tracy Clinic Correspondence Course, lequel a été traduit en plusieurs langues. Elle a aussi rédigé de nombreux articles dans des revues nationales et internationales et dirigé un nombre incalculable d’ateliers et de bref cours dans le domaine à l’intention des parents et des professionnels.

Mlle Harris fait partie des membres fondateurs de la CSHA. On peut lire son nom dans la liste des membres du répertoire de 1965. Lorsqu’on lui a remis la distinction honorifique de la CSHA, le compte rendu publié dans l’édition d’août 1977 du bulletin de la CSHA (HearHere) disait ceci :

« Mlle Harris a servi la population des malentendants dans beaucoup d’endroits et en ayant recours à plusieurs moyens diversifiés. Elle a travaillé dans des programmes dont elle a contribué au développement au sein des conseils scolaires de Toronto et de Minneapolis, de la John Tracy Clinic, des associations de Hamilton pour les personnes sourdes et les malentendants et, aujourd’hui, de la Society for Crippled Children and Adults of Manitoba. Son plus grand plaisir a été de travailler avec les enfants et leurs parents. Cependant, elle a aussi amélioré la contribution d’autres professionnels grâce à ses livres et à ses articles, ses ateliers, ses cours par correspondance et programmes de formation des étudiants. La chaleur, le respect et l’affection que les parents des enfants ont toujours témoignés à son endroit sont le témoignage de sa réussite. Elle a apporté une contribution durable à notre profession. Nous sommes fiers de remettre la distinction honorifique de l’association à Mlle Grace Harris. »

Lorsqu’elle a été mise en nomination pour le prestigieux Prix de la Banque Royale du Canada, voici ce qu’on a dit à son sujet :

« […] est une personne d’exception qui, par son intérêt et ses capacités, a permis directement ou indirectement à un nombre incalculable d’enfants et de jeunes de nombreux pays de vivre une vie significative et utile. Nous sommes fiers de connaître cette personne qui figure parmi nos grands Canadiens. »

En 1992, Mlle Harris a été décorée de l’Ordre du Canada et le texte qui la présentait était le suivant :

« Au cours de ses nombreuses années de services dévoués, cette enseignante a grandement amélioré la qualité de vie des enfants aux prises avec des déficiences auditives. Elle a produit des trousses de formation, des outils d’enseignement et un guide d’apprentissage pour les troubles du développement à l’intention des parents, des enseignants et des thérapeutes du monde entier. Maintenant à la retraite, elle demeure active comme documentaliste auprès de la Société canadienne de l’ouïe. » 

On se souviendra de Mlle Harris en tant qu’enseignante dévouée, comme personne qui a grandement contribué aux associations professionnelles, en tant qu’amie et grâce au Grace Harris Communication Resource Library and Family Resource Centre de la section de la Société canadienne de l’ouïe de Hamilton, ainsi que par la création de la bourse d’études qui porte son nom.

Reconnaissance

OAC remet la Bourse Grace Margaret Harris chaque année à un étudiant méritant. À l’origine, les fonds provenaient d’un legs à OAC figurant au testament de Mlle Harris. Ce fut sa dernière contribution aux professions. Les critères qu’elle a établis mentionnaient que la bourse devait être remise à un étudiant inscrit en deuxième ou en dernière année de son programme, et ce, au Canada.

L’héritage de Donalda McGeachy (1908-1990)

Donalda McGeachy mérite le droit d’être reconnue comme pionnière des professions au Canada. Elle a été parmi les fondateurs du programme d’enseignement en orthophonie de l’Université de Toronto, ainsi que de trois associations professionnelles. De plus, Mme McGeachy est reconnue comme la première professionnelle au Canada dont l’influence a traversé les frontières du pays.

En tant que l’une des fondatrices de l’Academy of Aphasia en 1962, et comme membre de la direction de l’académie au cours des cinq premières années, sa contribution à la profession est considérable dans ce domaine. Mme McGeachy a aussi été l’une des premières présidentes de l’Ontario Speech and Hearing Association (OSHA, maintenant connue sous le nom d’Ontario Association of Speech-Language Pathologists & Audiologists) et la deuxième présidente de l’Association canadienne d’orthophonie et d’audiologie (CSHA, maintenant Orthophonie et Audiologie Canada).

Par le rôle qu’elle a joué dans la création du programme de formation en orthophonie de l’Université de Toronto, Mme McGeachy a eu une profonde influence sur les étudiants à qui elle a enseigné ou qu’elle a supervisés, ainsi que sur ceux qui ont participé au programme dans les années qui ont suivi.

Inscrite pour la première fois comme membre de l’American Speech and Hearing Association (ASHA) en 1957, on croit que Mme McGeachy est la première professionnelle canadienne à avoir été nommée fellow de l’ASHA.

En tant que présidente de la CSHA de 1966 à 1968, Mme McGeachy a présidé la première réunion de la CSHA tenue au Canada, à Expo 67, à Montréal. Il s’agissait d’une rencontre provinciale du Québec avec l’Ontario et les associations nationales. Le conférencier invité à la réunion était Wilder Penfield qui a parlé des langues secondes et de la capacité cérébrale.

En 1994, dans un hommage à Mme McGeachy, Margaret Stoicheff, disait :

« … pionnière de notre profession au Canada, estimée collègue et amie personnelle. La plupart d’entre vous ne sont probablement pas au courant du rôle que Donalda a joué dans la promotion des services d’orthophonie pour les personnes ayant des troubles de la communication à Toronto, dans l’établissement des associations professionnelles en Ontario (OSLA) et au Canada (ACOA) et dans la création du programme d’orthophonie de l’Université de Toronto. »

Reconnaissance

On a rendu hommage à son nom et à sa contribution grâce au Donalda McGeachy Scholarship Funds et aux Donalda McGeachy Memorial Lectures, tous deux à l’Université de Toronto.

La bourse d’études est remise chaque année à un nouvel étudiant inscrit au programme d’orthophonie. Le principal critère pour l’obtention de la bourse est l’excellence scolaire. Le reste du fonds a été réservé pour offrir des bourses aux étudiants qui ont besoin d’une aide financière. Le principal critère pour cette bourse est le besoin financier.

Les Donalda McGeachy Memorial Lectures ont lieu à quelques années d’intervalle, plus ou moins régulièrement. La présidence du département et un comité consultatif décident du moment de l’exposé et de la personne qui le présentera. Ces conférences sont offertes gratuitement aux membres de la communauté des orthophonistes.

L’héritage de George Mencher (1937 -)

Même s’il a pris sa retraite et qu’il ne participe plus activement aux activités de la School of Human Communication Disorders (SHCD) de Dalhousie, Dr George Mencher continue de contribuer aux professions au pays et à l’étranger.

En plus d’avoir aidé à la création de la SHCD, Dr Mencher a aussi été directeur des Nova Scotia Hearing and Speech Centres de 1973 à 1998. Lorsqu’il a pris sa retraite de l’école de Dalhousie, il avait enseigné à chaque étudiant ayant obtenu un diplôme dans ce programme. Il est intéressant de mentionner que pendant sa dernière année d’enseignement, le fils d’un audiologiste qui faisait partie de la première année des cours d’audiologie de l’école s’est retrouvé dans le cours sur les troubles auditifs donné par Dr Mencher.

Depuis qu’il a pris sa retraite, Dr Mencher demeure actif en audiologie sur la scène internationale. Au cours de sa vie professionnelle, il a fait bénéficier beaucoup de pays de ses compétences en y travaillant bénévolement, particulièrement en Amérique latine, afin d’élaborer des programmes, de former du personnel et de fournir des services. Il continue dans cette voie. Depuis 1972, il est l’un des participants actifs de l’International Society of Audiology dont il a été l’un des présidents et l’un des présidents sortants, entre autres. Dr Mencher a aussi contribué à ce que le Congrès mondial d’audiologie ait lieu à Halifax en 1994.

Dr Mencher est un chercheur qui a publié de nombreux articles dans des revues spécialisées ainsi que huit livres dont ceux-ci : Early Identification of Hearing Loss, International Perspectives of Communication Disorders et Auditory Dysfunction.

L’un des collègues de Dr Mencher à l’étranger l’a décrit comme « l’un des membres ayant contribué le plus activement à notre profession pendant sa période de croissance et de maturation au cours de la dernière moitié du 20e siècle et jusqu’à présent. »

Lorsqu’il dirigeait la Nova Scotia Hearing and Speech Clinic, les services sont passés d’un seul endroit à un établissement de 25 unités comptant plus de 100 cliniciens et employés répartis dans l’ensemble de la Nouvelle-Écosse. En plus de ses responsabilités administratives, Dr Mencher est demeuré actif sur le plan clinique en conservant un certain nombre de patients et il est responsable, avec Sanford Gerber et Robert Coulling, de six conférences internationales Elks portant sur le dépistage, le diagnostic et la prise en charge précoces des enfants aux prises avec des troubles auditifs.

Dr Mencher a été président de l’Association canadienne d’orthophonie et d’audiologie (maintenant nommée Orthophonie et Audiologie Canada) de 1976 à 1977 et a présidé le comité qui a établi le premier programme d’agrément des programmes cliniques d’orthophonie et d’audiologie au Canada.

Dr Mencher a aussi été président du premier congrès national du Canada qui a eu lieu à Halifax en 1976. En plus d’avoir siégé à la direction dans les années 1970, Dr Mencher a longtemps agi comme président du comité des publications.

Dr Mencher a joué un rôle actif au sein de l’ASHA en sa qualité de délégué étranger du conseil législatif représentant les membres qui résidaient à l’extérieur des États-Unis. Il a aussi siégé au sein de plusieurs comités de l’ASHA.

À l’heure actuelle, Dr Mencher fait partie du comité de sélection du projet Glovin-Schindler pour favoriser la recherche sur la signification et les principes d’un « bon comportement humain ». Il travaillera à la production d’un volume en ligne des articles gagnants. Irving Glovin, qui est l’oncle de Dr Mencher, s’est lié d’amitié avec Oskar Schindler et a été son avocat après la guerre. Irving a contribué de façon importante à la production du livre et du film connus sous le titre « La liste de Schindler ».

En 1984, Dr Mencher a reçu le Prix Eve Kassirer pour l’ensemble des réalisations dans le cadre du congrès de l’ACOA tenu à Régina et a obtenu la distinction honorifique de l’ASHA.

Reconnaissance

La contribution de Dr Mencher aux professions est reconnue grâce aux bourses suivantes :

La Mencher Family Scholarship, offerte par la School of Human Communication Disorders pour contribuer aux dépenses liées aux déplacements et aux frais de subsistance d’un étudiant qui choisit de faire son stage de troisième année à l’extérieur de la Nouvelle-Écosse. Il peut s’agir d’un étudiant en audiologie ou en orthophonie. Il n’y a aucune restriction quant au pays retenu pour le stage, mais ce dernier doit avoir lieu ailleurs qu’au Canada. Cette bourse se veut le reflet de l’expérience internationale de la famille Mencher.

En plus de la Mencher Family Scholarship, plusieurs autres bourses ont été créées sous l’influence de Dr Mencher :

La Lenore Mencher Scholarship est attribuée chaque année par les Nova Scotia Hearing and Speech Centres à un étudiant du programme. Lenore, l’épouse de Dr Mencher, est décédée subitement en 1998. Elle a travaillé à la clinique pour le programme de détection précoce et a publié plusieurs articles dans ce domaine.

La plus récente bourse d’études à voir le jour est la Sanford E. Gerber Scholarship. Dr Gerber était un proche collègue et ami de Dr Mencher. Il a enseigné à Dalhousie à plusieurs occasions. Le prix sera remis à un étudiant en dernière année du programme d’audiologie ou d’orthophonie afin de l’aider dans tout projet de recherche axé sur un trouble génétique, l’un des centres d’intérêt du Dr Gerber. Le sujet a été défini au sens large de manière à inclure tous les troubles d’origine génétique, allant du syndrome de Down à la perte auditive neurosensorielle.

Sommaire

Nous pouvons être fiers de la contribution de tous les membres que nous venons de mentionner à nos professions et nous devons les reconnaître. Nous pouvons nous enorgueillir de la fameuse histoire de nos professions au Canada, des nombreux membres qui y ont contribué dans le passé et de ceux qui continuent d’y contribuer.

Remarque personnelle : L’auteure connaissait Mlle Harris et Dr Mencher puisqu’elle a travaillé avec eux à titre bénévole au sein des associations professionnelles. Elle a rédigé les profils de Mme McGeachy, de Mlle Harris et de Mme Clemons. Ses notes de recherche originales et des copies de ses travaux publiés et non publiés ont été données aux archives d’OAC, en plus de bon nombre de procès-verbaux, de rapports annuels et de publications de la CSHA et de l’ACOA.

 

 

 




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