Anecdotes de tous les jours : Courir, tout simplement
Par Sean Kinden, Aud(C) Le présent article a été republié à partir du numéro d’été 2013 du Communiqué. Remarque : Le présent article a été publié à l’origine lorsque Orthophonie et Audiologie Canada (OAC) portait la dénomination sociale « Association canadienne des orthophonistes et audiologistes (ACOA)J’ai ri en moi-même lorsqu’on m’a demandé d’envisager de rédiger un article selon le point de vue d’un « adepte de la course ». Ceux qui m’ont connu au fil des ans rient sans doute également dans leur barbe. Il y a un an à peine, la seule course à laquelle je m’adonnais était celle du divan au frigo; le principe même de courir n’était pas du tout dans mon vocabulaire. En tant que père de deux garçons qui jouent au hockey, je consacrais d’innombrables heures assis dans les gradins de notre aréna local avec mon café de chez Tim, à surveiller ces fous de la patinoire qui m’étourdissaient à courir, jogger et marcher autour de la piste intérieure.
La vie, toutefois, n’est pas toujours tapissée de rayons de soleil et de gomme à saveur de fraise. Après un automne et un Noël 2011 particulièrement éprouvants, j’ai décidé de prendre un congé du travail pour me remettre en forme. Ma routine quotidienne comme telle n’a pas changé, si ce n’est qu’au lieu de me destiner vers le boulot je me dirigeais vers le tapis roulant. Je me suis rapidement rendu compte que courir constituait une excellente façon d’abaisser le niveau de stress, d’oublier les soucis et d’apaiser l’esprit, même pour le court laps de temps au cours duquel j’étais en mouvement. Après un moment, j’ai décidé qu’il était temps de délaisser le tapis roulant et de me joindre à ces fous de la patinoire autour de la fameuse piste intérieure. Malgré mon impression d’être un hamster dans une cage, j’ai commencé à réaliser que je pouvais courir pendant des périodes prolongées et 15 minutes sont devenues 30 puis 60! Et, par une journée ensoleillée de mars, j’ai acquis suffisamment confiance en moi pour aller courir à l’extérieur. C’était merveilleux : la lumière du soleil, l’air frais, les sons ambiants, la sensation du vent qui caressait mon visage contribuaient tous à créer une dépendance. J’ai commencé à courir chaque jour, je me suis inscrit à une course et, au début de mai, j’ai couru mes premiers 10 kilomètres en 44 minutes. Deux semaines plus tard, j’ai couru un demi-marathon, en l’achevant en 97 minutes. Je n’avais aucune idée que ces temps étaient en fait plutôt bons. Je voulais seulement courir, pour éprouver l’euphorie des joggeurs, pour ne penser à rien d’autre que la destination de mon prochain pas et pour déterminer si une colline m’attendait au prochain virage.
Alors que défilait l’été dernier, il en était de même pour ma course et tous les aspects connexes. Vous avez bien lu : tous les aspects connexes. J’ai découvert que la course est plus que le simple fait de courir. Il existe des cercles de course, des collectivités de course et des salles de course. J’ai commencé à lire les revues de course, à acheter des souliers de course avec un ratio talon-orteils spécifique (allez savoir!) et à planifier mes repas autour des quantités particulières de protéines et de glucides requises pour courir un nombre X de kilomètres. Vivant dans une région rurale de Terre-Neuve, une bonne part de notre camping estival se déroule dans les parcs locaux. Auparavant, camping signifiait dormir tard et passer le reste de la journée assis autour d’un feu de camp avec des amis à siroter une boisson, un scénario qui se répétait pendant tout le week-end. Maintenant, je suis debout aux aurores et je cours les 16 K qui me séparent de la maison simplement dans le but de prendre une douche! (Oui, il existe des douches dans le parc, mais elles sont situées trop près du terrain de camping pour donner lieu à un parcours qui en vaut la peine.) J’ai convaincu mon épouse de commencer à jogger avec moi et nous avons parcouru les sentiers longeant le parc. En août, nous avons grimpé le mont Gros-Morne, la plus haute montagne de la partie insulaire de Terre-Neuve. Mon épouse est désormais à mes côtés pour les premiers kilomètres de ma course, deux ou trois fois par semaine, et elle devient peut-être elle aussi une adepte de la course.
Je n’aurais jamais imaginé que j’étais, ou envisagé la possibilité que je sois, un adepte de la course; cependant, après avoir écrit le présent article, j’ai commencé à croire que je pourrais bien en être un. En l’espace d’un an, j’ai enregistré plus de 2 000 km (dont 15 autour du canal Rideau durant la réunion automnale du conseil de l’ACOA), participé à quatre courses, perdu 18,14 kilos et usé trois paires de chaussures; et ce fut, sans contredit, le catalyseur de ma remise en forme physique et psychique. Dernièrement, j’ai décidé d’achever un marathon complet. Et, durant le congé de la Fête des patriotes, j’ai participé à la Run for the Red Marathon à Stroudsburg, en Pennsylvanie, et j’ai achevé le parcours en 3 heures 22 minutes, un temps qui me rend admissible au Boston Marathon de l’an prochain! Je m’y suis déjà inscrit et je prévois m’entraîner en vue de l’évènement et réaliser le premier ultra-marathon de Terre-Neuve — le Deer Lake 67 — un parcours de 67 km le long des sentiers, des vieux boisés, des voies publiques et des rivières.
Somme toute, la course m’a offert une remise en forme comme jamais. Chaque jour, j’ai décidément hâte de lacer mes souliers et de reprendre la route. C’est le moment qui m’est réservé pour évacuer les pensées de la journée et pour courir, tout simplement.
Légende de l’image : On aperçoit ici Sean Kinden qui participe à la course sur route locale de 10 K du commandant Gander où il finira premier dans sa catégorie établie en fonction de l’âge.
Sean Kinden, Aud(C)
Administrateur représentant Terre-Neuve-et-Labrador
au conseil d’administration d’OAC
nfld@sac-oac.ca